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Piqûres de chenilles processionnaires : symptômes, traitement, danger...
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Les chenilles processionnaires font parler d’elles chaque année aux mêmes époques ! Tous ceux qui ont croisé leur chemin se souviennent de l’effet urticant de leurs poils. Responsables de bien des symptômes, ces chenilles ont été reconnues comme nuisibles à la santé par un décret publié le 27 avril 2022¹. C’est dire si elles peuvent nous empoisonner la vie.
Qu’est-ce qu’une chenille processionnaire ?
La chenille processionnaire est la larve d’un papillon de nuit, aussi appelé Thaumetopoea processionea. Un mot bien compliqué pour parler de ce lépidoptère qui pond ses œufs sur les branches d’arbres : les chênes et les pins en particulier. Lorsqu’ils éclosent, ce sont les chenilles processionnaires qui en sortent.
Comment reconnaître les chenilles processionnaires ?
Tout d’abord de couleur orange (et sans aucun danger), elles deviennent grises avec une bande plus sombre sur le dos lorsqu’elles ont réalisé plusieurs mues. À ce stade, les poils qui recouvrent l’intégralité de son corps (mesurant environ 5 cm à l’âge adulte) deviennent urticants et dangereux.
Elles doivent leur nom de processionnaires au fait qu’elles se déplacent toujours en file indienne afin d’aller dévorer les feuilles de chêne. Elles sont un véritable fléau pour eux également !
Vie et évolution de ces chenilles
Ces chenilles vivent en groupe, dans des nids et descendent de l’arbre dans lequel elles se trouvent via un fil de soie. Elles quittent l’arbre pour terminer leur processus de transformation en allant s’enfouir sous terre pour devenir une chrysalide. Cette dernière devient ensuite un papillon. Cependant, si elles se transforment en papillons dès le mois de juillet, les poils restés dans les nids et tombés des arbres n’en restent pas moins urticants, même si la chenille n’est plus présente.
Où et quand trouver les chenilles urticantes ?
Il y a en fait 2 sortes de chenilles. Si le réchauffement climatique modifie quelque peu leurs localisations, il est cependant possible de les catégoriser :
- la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) : elle est présente notamment de novembre à mars, dans les trois quarts sud de la France ;
- la chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) : elle est retrouvée dans le nord-est de la France de mai à juillet.
Les 2 espèces de chenilles peuvent se retrouver en Île-de-France.
Comment reconnaître une piqûre de chenille processionnaire ?
Bien que couramment utilisé, le terme de piqûre est assez impropre, car les chenilles ne piquent pas et ne mordent pas. Ce sont en réalité ses poils qui provoquent tous les symptômes.
Les piqûres de cette petite bête se reconnaissent aux symptômes urticants qu’elles provoquent sur les zones du corps en contact avec les poils. Généralement, les poils microscopiques peuvent être vus sur ces zones ou dans les vêtements portés.
L’éruption cutanée ainsi que les démangeaisons importantes et les plaques de boutons rouges apparaissent généralement dans les 8 heures après le contact.
C’est le recoupement de plusieurs facteurs qui peuvent faire évoquer les piqûres de chenilles processionnaires :
- période de l’année ;
- zone de résidence ;
- activités pratiquées dans les 8 heures précédant les symptômes (marche en forêt, pique-nique en extérieur…) ;
- démangeaisons ;
- sensations de brûlure sur la peau ;
- symptômes eux-mêmes.
Comment fonctionne la piqûre d’une chenille processionnaire ?
Rappelons-le, ce ne sont pas à proprement parler des piqûres, mais bien des contacts avec les poils de la chenille. Mais alors, comment ses petits poils microscopiques peuvent-ils créer autant de gêne ? Tout simplement par leur constitution propre.
En effet, ils ressemblent à de mini-harpons, parfaits pour pénétrer facilement dans la peau. Lorsque le poil s’accroche, il se brise en libérant la toxine qu’il contient : la thaumétopoéine². C’est cette dernière qui provoque la déferlante de signes qui suit le contact.
Cette toxine n’est pas sans conséquence sur la peau bien sûr, mais elle peut également se libérer dans les voies aériennes si elle a été respirée.
Les chenilles, lorsqu’elles se sentent menacées (oiseaux, animaux…), expulsent leurs poils afin de repousser l’ennemi. Puis, ses poils s’envolent et se libèrent alors partout dans l’atmosphère pour être ensuite transportés par les vents, parfois à des kilomètres.
C’est également le vent qui dissémine les poils contenus dans les nids, sur les arbres.
Quels sont les symptômes de la piqûre de chenille processionnaire ?
Ils sont nombreux, mais en particulier cutanés et respiratoires.
Les symptômes cutanés
Le poil étant urticant, les démangeaisons importantes et les plaques de boutons rouges sont les principaux signes visibles. Le prurit peut même prendre la forme de brûlures douloureuses. Quant aux boutons, ils peuvent être de petites cloques semblables à l’urticaire que provoquent par exemple les feuilles d’ortie.
Les symptômes ORL et respiratoires
Ils sont présents lorsque les poils ont été inhalés, respirés. On note par exemple :
- une irritation des voies respiratoires : maux de gorge, éternuements, difficultés à déglutir, voire à respirer ;
- apparition d’une rhinite allergique : éternuements, démangeaisons dans le nez, écoulement nasal…
Les symptômes ophtalmiques
Lorsque des poils ont eu contact avec les yeux, là encore les réactions sont nombreuses. Les yeux brûlent, sont rouges, coulent, pleurent. Ces signes apparaissent plus rapidement que pour les symptômes cutanés : en 1 à 4 heures environ.
Les symptômes digestifs
Ils sont beaucoup plus rares et apparaissent lorsque les poils ont été ingérés. Par exemple s’ils se sont posés sur un sandwich durant un pique-nique. Dans ce cas, on note une inflation des muqueuses de la bouche ainsi que des intestins. La personne qui a ingéré les poils peut alors souffrir de nausées, de vomissements, de douleurs abdominales ou de diarrhées.
Le choc anaphylactique
Bien évidemment, c’est le symptôme le plus grave puisqu’il peut engager le pronostic vital de la personne. L’organisme réagit intensivement par une crise allergique violente : urticaire massive, hypotension, difficultés à respirer, oédème de la bouche et de la gorge, perte de connaissance… C’est le choc anaphylactique³. Tous ces signes sont à prendre en compte en urgence.
Quels traitements et remèdes de grand-mère pour calmer les démangeaisons liées aux piqûres de chenille processionnaire ?
Avant tout, dès qu’une réaction aux poils urticants est constatée, il convient de retirer tous ses vêtements et de les passer en machine à laver puis au sèche-linge. En effet, des poils peuvent être présents sur le linge et occasionneraient la continuité des symptômes.
En cas de contact avec la peau
S’il y a eu contact cutané, il est indispensable de se laver abondamment avec une eau savonneuse sous la douche. Si des poils sont visibles, ils peuvent être retirés par exemple avec un adhésif. Une pommade calmante peut ensuite être appliquée.
En cas de contact avec les yeux
Un rinçage abondant à l’eau est impératif.
Il faut généralement consulter un ophtalmologue, en particulier si des poils sont plantés dans l’œil.
En cas d’ingestion
Il faut boire de l’eau afin de retirer les poils qui peuvent être présents dans la gorge. Dans un premier temps, rincez la bouche en réalisant un gargarisme à l’eau puis buvez. À l’aide d’un petit racloir ou d’une petite spatule, il est possible de retirer un maximum de poils.
Le contact avec une chenille processionnaire est-il dangereux ?
Dans la majorité des cas, les manifestations, même si elles peuvent être impressionnantes, restent bénignes. Dans 96,3 % des cas pour être plus exact selon l’Anses⁴ (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire, environnement, travail). Dans 3,5 % des cas, les manifestations sont jugées moyennes et graves dans 0,2 % des cas.
Dans ces très rares cas, le contact avec la chenille peut conduire à un choc anaphylactique, comme vu précédemment.
Signalons ici que si un contact unique est rarement dangereux, des contacts répétés peuvent occasionner des réactions de plus en plus virulentes, pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique.
Il est essentiel de préciser que les piqûres de chenilles processionnaires sont bénignes dans la majorité des cas pour l’Homme, mais qu’elles peuvent être plus dangereuses pour les animaux domestiques. Si des signes particuliers sont constatés chez un animal après une balade, durant les périodes concernées, il faut penser aux piqûres urticantes. L’animal devra sans doute être examiné par un vétérinaire.
Comment se prémunir des piqûres de chenilles processionnaires ?
Les mesures prises par les territoires
Les chenilles ayant été reconnues néfastes pour la santé par un décret officiel, des mesures ont d’ores et déjà été prises. Les communes touchées ont par exemple recours à des pièges ou des pulvérisations de biotoxines dans les zones infestées.
La prédation naturelle est également un moyen efficace pour se prémunir des piqûres. La mésange raffole de cette chenille, qui ne lui occasionne pas de réactions néfastes. De fait, des nichoirs spécifiques sont installés dans les zones touchées. La présence de cet oiseau permet de réduire drastiquement la prolifération des chenilles.
Les mesures individuelles
En tant que particulier, il est possible de se prémunir des piqûres :
- éviter les zones où la présence des nuisibles a été détectée ;
- se couvrir lors de balades en forêt durant les périodes incriminées ;
- ne pas laisser sécher son linge en extérieur à proximité des zones dangereuses ;
- lavez et séchez son linge après une promenade pour limiter les risques ;
- si sa maison se situe dans un département particulièrement touché par les chenilles, il est préférable d’arroser sa pelouse avant de la tondre afin de ne pas disséminer les poils partout dans l’atmosphère et dans la maison. Pensons également à laver les légumes du potager avant de les manger. De même pour les fruits du verger.
FAQ
Combien de temps dure une démangeaison de piqûre de chenille processionnaire ?
Les démangeaisons dues aux piqûres de chenille durent généralement 2 à 3 jours. C’est peu, mais il faut savoir que les démangeaisons sont souvent très importantes.
J’ai constaté la présence de chenilles processionnaires dans les arbres de mon jardin, dois-je les retirer moi-même ?
Non, vous ne devez pas le faire vous-même. Il est impératif de faire appel à un professionnel. L’utilisation de produits non adaptés peut être catastrophique et contre-productive. De plus, sans équipement spécial, vous pourriez inhaler et toucher les poils urticants. Ils pourraient aussi s’éparpiller partout et les nids ainsi que tous leurs résidus doivent également être traités.
J’ai des chenilles processionnaires dans mon jardin, que faire ?
Vous devez éviter à vos enfants et à vos animaux domestiques de s’approcher des nids et des chenilles, puis faites appel à un professionnel.
Prenez les précautions individuelles qui s’imposent et il vous est possible d’installer des nichoirs et abris à mésanges ou à chauves-souris qui mangeront les nuisibles avec délectation.
Autre astuce : installer des écopièges. Vous pouvez les réaliser vous-même ou les acheter en magasin spécialisé. Mettez de la terre au fond d’un sac puis installez-le contre vos arbres. En descendant, la chenille pensera être sur le sol et va s’enfouir afin de terminer sa transformation. Il suffit ensuite de brûler les sacs.
Comment savoir si j’habite dans une zone à chenilles processionnaires ?
Il existe différents sites internet consacrés à cette chenille. Il y a notamment celui de l’observatoire des chenilles processionnaires qui met gratuitement à la disposition de tous une carte des zones infestées.
Piqûres pouvant donner des démangeaisons similaires
Références / Sources
1. Décret n° 2022-686 du 25 avril 2022 relatif à la lutte contre la chenille processionnaire du chêne et la chenille processionnaire du pin. Légifrance. 2022.
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045668409#:~:text=Notice%20%3A%20le%20d%C3%A9cret%20ajoute%20%C3%A0,des%20poils%20urticants%20qui%2C%20par
2. [Thaumetopoein, an urticating protein of the processionary hairs of the caterpillar (Thaumetopoea pityocampa Schiff) (Lepidoptera, Thaumetopoeidae)]. M. Lamy, M. H. Pastureaud, G. Ducombs. 1985.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3933773/
3. [Anaphylactic shock]. P. Kaeser, C. Hammann, F. Luthi, J. F. Enrico. 1995.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7491459/
4. Rapport d’étude de toxicovigilance, Groupe de travail « Vigilance des toxines naturelles ». Luc DE HARO, Gaël LE ROUX, Eric ABADIE, David BOELS , Magali OLIVA -LABADIE, Jérôme LANGRAND, Sébastien LEFEVRE, Jérôme GUITTON, Sylvie MICHEL, Nathalie PARET. 2020.
https://www.anses.fr/fr/system/files/Toxicovigilance2020SA0005Ra.pdf