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Piqûre de tique : guide complet
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Véritable cauchemar pour les amateurs de promenades en forêt, les piqûres de tiques sont de potentiels vecteurs de différentes infections. La maladie de Lyme est la pathologie la plus courante. Selon Santé Publique France, le taux d’incidence¹ de la borréliose de Lyme était de 91 cas pour 100 000 habitants en 2020, contre 76 cas pour 100 000 habitants en 2019. Une grande disparité existe en fonction de la région de résidence.
Qu’est-ce qu’une tique ? Où vit-elle ?
C’est quoi une tique exactement ?
La tique fait partie de l’ordre des arachnides acariens. Plus précisément, elle est un acarien ectoparasite qui regroupe près de 900 espèces classées en 3 familles. Sur le territoire français, on retrouve principalement une quarantaine d’espèces.
Ce sont surtout les tiques dures qui piquent l’Homme. Elles font partie de la famille des Ixodidés, qui vient du grec signifiant « gluant ». Pouvant être actives toute l’année, elles se développent en traversant 3 phases : la larve, la nymphe et l’adulte. Les plus susceptibles de mordre l’Homme sont les nymphes (très présentes au printemps et en été) et les adultes (très présentes en automne).
Selon les espèces, ces acariens sont de différentes tailles, mais ils mesurent en moyenne de 3 à 6 mm. Cependant, certaines tiques tropicales peuvent atteindre la taille de 30 mm. Si leur forme, leur couleur (tique blanche, tique brune, tique noire) et leur taille varient, elles sont par contre toutes composées d’un corps ovale, plat et d’une tête munie d’un rostre composé lui-même de deux chélicères (crochets).
Où vit-elle ?
Là encore, les territoires de prédilection sont dépendants de l’espèce rencontrée. Il existe 2 types de tiques, selon leur lieu de vie :
- les tiques hydrophiles. Par définition, ce sont celles qui aiment l’eau, les milieux humides. C’est le cas des parasites présents sur notre territoire. De fait, elles sont inféodées aux régions boisées, aux bordures de forêts, aux clairières, aux jardins, aux parcs, aux haies, aux prairies, aux milieux forestiers, aux herbes hautes, aux nids ou aux étables.
- les tiques xérophiles. Ces espèces se retrouvent dans les régions sèches, voire désertiques.
Si les tiques sont présentes dans tout l’hexagone, certaines régions² semblent toutefois plus touchées que les autres. Citons l’Alsace, la région Rhône-Alpes, le Limousin, la Nouvelle Aquitaine ou encore le Grand Est. Le fort taux d’humidité est sans doute la raison de cette prédominance.
Une tique, ça pique ou ça mord ? Pourquoi pique/mord-elle ?
Morsure ou piqûre de tique ?
Même si, dans le langage quotidien, nous utilisons l’expression « se faire piquer par une tique », en réalité, nous devrions plutôt dire « se faire mordre par une tique ». En effet, le parasite n’a pas de dard. Il mord grâce à ses pièces buccales (celles de son rostre) pointues et dentelées, parfaitement faites pour transpercer la peau des animaux, des oiseaux et des Hommes.
La tique, tranquillement installée dans son arbre, son herbe haute ou autre, attend patiemment la venue d’un hôte susceptible de pouvoir la nourrir. À son passage, elle s’y accroche puis pompe son sang durant plusieurs jours.
Elle jette généralement son dévolu sur les animaux sauvages comme le gibier, les rongeurs, les oiseaux ou l’Homme s’il croise son chemin. La tique s’attaque plus rarement aux animaux d’élevage tels que les moutons, les chevaux, les vaches…
Pourquoi la tique mord-elle ?
La raison est la plus simple du monde : se nourrir. Le sang qu’elle boit chaque jour lui permet de vivre, c’est sa nourriture unique.
Lors de la morsure initiale, l’animal sécrète un anesthésiant qu’elle injecte via sa salive. La morsure est alors pratiquement indolore, l’hôte ne s’en rend pas compte dans la majorité des cas. La salive du parasite contient également des substances permettant de réduire la coagulation sanguine afin que le pompage du sang puisse se faire.
Le fait que la morsure passe inaperçue permet à la tique de pouvoir rester en place durant des jours, voire des semaines. Gavée, elle multiplie son volume puis finit par se détacher de la peau et tomber.
Où la tique mord-elle ?
Si la tique peut bien évidemment mordre n’importe quelles parties du corps, elle a cependant des zones privilégiées. Elle adore tout particulièrement les régions où la peau est fine et bien vascularisée.
Une fois posée sur notre corps (ou celui des animaux), elle se balade sur celui-ci dans la recherche de la zone idéale. Elle diffère avec l’adulte ou chez l’enfant.
Les zones privilégiées chez l’adulte
La tique apprécie chez cet hôte :
- les aisselles ;
- la nuque ;
- les épaules ;
- la région lombaire ;
- la zone autour du nombril ou dans le nombril ;
- le pli du coude ;
- le creux du genou.
Les zones privilégiées chez l’enfant
Chez l’enfant, elle s’attarde plus souvent sur :
- le cou, la nuque ;
- la limite des cheveux, les oreilles et la tête ;
- le pli du coude ;
- le creux du genou ;
- la région pubienne ;
- le nombril.
Symptômes : comment reconnaître une piqûre de tique ?
Les symptômes indiquant une morsure de tique sont nombreux et variables d’une personne à l’autre. Citons notamment :
- un petit point noir : lorsqu’il est à peine visible, c’est que la tique vient de s’installer. Elle a bu peu de sang et n’est pas encore gonflée. Elle est alors presque invisible et indétectable à l’œil nu ;
- une rougeur cutanée importante formant un gonflement et une auréole ;
- des démangeaisons. La rougeur, la plaque gratte, démange ;
- des maux de tête ;
- de la fièvre ;
- des démangeaisons du cuir chevelu lorsqu’elle est localisée dans les cheveux ;
- des symptômes pseudogrippaux ;
- un érythème migrant. C’est l’un des signes les plus importants et les plus constants de la présence d’une tique. Il signe le fait que celle-ci était porteuse de la borrelia. Cet EM apparaît entre 3 et 30 jours environ après la morsure. Il est caractéristique et se manifeste par une plaque rouge circulaire autour de la piqûre qui s’étend au fil des jours puis blanchit. Le centre de la morsure disparaît alors au fur et à mesure.
Que faire en cas de piqûre de tique ?
Lorsqu’une morsure de tique est détectée, il convient impérativement de retirer le parasite. Mais attention, des précautions sont à prendre et il faut absolument utiliser du matériel adapté. Dans le cas contraire, il est possible de retirer le corps du parasite en laissant sa tête en place. Elle devient alors très difficile à retirer.
Comment retirer une tique à l’aide d’une pince à tique ?
Il existe des pinces exclusivement réservées à cet usage, tant le fait de retirer une tique est particulier. Cette pince ressemble à un mini pied de biche.
Il suffit de passer la tête de l’arachnide dans la fente prévue à cet effet puis de tirer très délicatement et doucement, perpendiculairement à la peau, avec un mouvement de traction-rotation. Cela signifie tout simplement qu’il convient de faire un léger mouvement circulaire en même temps de l’on tire afin de décoller la tête de la tique et ne pas l’arracher.
Il faut ensuite désinfecter la peau à l’endroit de la morsure, c’est impératif.
Comment faire sans tire-tique ?
Contrairement à des idées très répandues, l’éther ne fera pas tomber la tique toute seule. Si vous n’avez pas de tire-tique, il est possible d’utiliser une pince à épiler, mais la manipulation est plus laborieuse.
Il est indispensable de ne pas utiliser de produits chimiques. Tout a été dit sur ce sujet : utilisation d’huiles essentielles, de vernis à ongles, de dissolvant… Tout cela est faux et dangereux. En effet, toutes ces substances peuvent provoquer une régurgitation de salive de la tique et un risque avéré de contamination si celle-ci est porteuse de bactéries.
Évolution : quels sont les risques liés aux piqûres de tiques ?
De nombreuses complications³ sont dues à une morsure de tique.
La maladie de Lyme
C’est le risque majeur lorsque l’on pense aux morsures de tiques. Elle peut avoir de graves conséquences sur la vie de la personne à court terme, mais également à long terme avec une chronicisation de la maladie.
La survenue de la pathologie chez l’Homme est due à la morsure d’une tique infectée par la borrelia. Une fois présente, elle se caractérise par des troubles cardiaques, neurologiques, ophtalmiques, dermatologiques et articulaires.
Une fatigue chronique est possible après une contamination. Elle peut alors avoir de réelles conséquences délétères dans la vie de la personne touchée. Une sérologie (bilan sanguin) est réalisable afin de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de maladie de Lyme.
Afin de lutter contre cette pathologie et d’en favoriser sa prévention, le gouvernement a mis en place un plan en septembre 2016⁴.
Les risques d’allergie
Il existe une possibilité d’allergie à la salive de tique. Elle se manifeste généralement dans les 2 à 4 heures après la morsure. Les premiers signes sont cutanés avec des rougeurs très importantes, un gonflement, des démangeaisons. La suite est identique à toutes les autres allergies avec un risque de choc anaphylactique.
Plus méconnue, et beaucoup plus rare, une allergie à la viande⁵ après une morsure de tique a été révélée. Elle touche quelques très rares cas dans le monde. Vraiment étonnant.
Les différentes pathologies transmises
Outre la borrelia, la tique peut être porteuse de nombreuses bactéries ou virus qu’elle a elle-même attrapés en suçant le sang d’autres humains ou d’autres animaux. Elle les transmet alors au nouvel hôte. Selon la zone géographique où elle se trouve, elle peut par exemple être responsable :
- de certaines rickettsioses, notamment la fièvre boutonneuse méditerranéenne qui provoque, comme son nom l’indique, une éruption cutanée et de la fièvre ;
- de fièvres hémorragiques ;
- de tularémie ;
- d’encéphalite virale.
Les risques d’infection
Une infection locale peut se produire si la plaie n’a pas été désinfectée correctement après le retrait de la tique ou sur des lésions de grattage.
Les risques d’escarre
Une escarre peut se créer autour de la morsure. Elle est un potentiel signe précurseur de rickettsiose et doit nécessiter un écouvillonnage cutané afin de confirmer ou d’infirmer le diagnostic. Le prélèvement cutané est ensuite envoyé au Centre National de Référence des rickettsioses.
Les cicatrices
Si la tique n’a pas été retirée avec du matériel adapté, que la plaie n’a pas été désinfectée ou que la personne a lésé la peau autour de la morsure, il existe un risque pour qu’une cicatrice persiste, même après guérison.
Quand faut-il s’inquiéter d’une piqûre de tique ?
Dès qu’un érythème migrant est détecté, il faut immédiatement se rendre chez le médecin qui débutera aussitôt une antibiothérapie de 3 semaines. Prise en charge précocement, la maladie est curable assez facilement.
Quand il n’y a pas d’EM, d’autres signes peuvent alerter, même plusieurs mois après la morsure :
- des courbatures ;
- des atteintes articulaires inflammatoires ;
- des altérations de la vision ;
- des troubles du rythme cardiaque ;
- une paralysie ;
- une fatigue importante.
Si un ou plusieurs de ses signes sont présents, il est indispensable de consulter un médecin. De plus, s’il y a eu morsure et que la personne concernée répond à un ou plusieurs de ces critères, consultez un médecin :
- la personne mordue est enceinte ;
- la personne mordue à moins de 8 ans et/ou a été mordue par plusieurs tiques ;
- la tique retirée était gavée de sang (donc, présente depuis longtemps) ;
- la personne concernée est immunodéprimée.
Traitement : comment soigner une piqûre de tique ?
Il n’y a pas de traitement empirique d’une morsure de tique. Cela signifie qu’une morsure ne nécessite pas d’emblée un traitement médical. Rappelons-le, une désinfection de la plaie, notamment après le retrait du parasite, est essentielle. Cependant, sans la présence d’aucun des signes vus précédemment, il n’est pas nécessaire de traiter l’individu mordu.
Toutefois, afin d’accélérer la cicatrisation et d’éviter les risques d’infection, certains traitements sont les bienvenus.
Le traitement par antibiotiques
Il est prescrit par le médecin si celui-ci le juge utile. Par exemple, les cas d’érythème migrant sont à traiter par une antibiothérapie de 3 semaines. Elle est ce que l’on appelle une antibioprophylaxie : son but est de prévenir l’apparition de toutes pathologies.
Les remèdes naturels
Les huiles essentielles de sarriette, d’origan ou de lavande aspic peuvent venir à notre secours en cas de piqûre de tique. Il conviendra de les mélanger par exemple à une huile végétale afin de les diluer pour ne pas léser la peau.
Pour une désinfection efficace, l’huile essentielle de Tea Tree et l’usage de 5 granules homéopathiques de ledum palustre, 15 ch est à privilégier. Si vous vous promenez régulièrement en forêt et êtes sujet aux morsures de tiques, il est possible de prendre 10 granules de ledum palustre 9 ch en début de saison.
Les traitements préventifs
Le Tea Tree est également utile pour la prévention des morsures de tiques. Si vous prévoyez une balade en zone infestée, pensez à appliquer une crème hydratante mélangée avec 4 ou 5 gouttes d’huile essentielle d’arbre à thé. L’odeur repousse ces parasites.
Prévention : comment éviter les piqûres de tique ?
L’utilisation de répulsifs
Le DEET (répulsif antimoustique) est particulièrement efficace. Cependant, il n’est pas adapté aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 2 ans. Pour ces derniers, l’IR3535 est à privilégier, mais en plus petite concentration.
Déclarer une piqûre de tique : comment ça marche ?
En cas de morsure, un signalement via l’application Signalement-tique est largement recommandé. La déclaration est également possible via le site internet ou encore par un formulaire papier à envoyer à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).
FAQ
Peut-on mourir d’une piqûre de tique ?
La piqûre en elle-même n’est pas mortelle, non. Cependant, les maladies vectorielles susceptibles d’être transmises sont potentiellement létales, mais rarement sous nos latitudes.
Piqûre de tique et grossesse : est-ce dangereux ?
Les morsures sont à surveiller tout particulièrement chez les femmes enceintes, principalement, là encore, à cause des maladies vectorielles.
Tique mal enlevée : que faire ?
Si une partie des appendices buccaux est restée dans la peau lors du retrait de la bête, il est préférable de ne pas tenter à tout prix de les retirer. Laissez-les en place et surveillez soigneusement. Ils devraient tomber après quelques jours.
Combien de temps une tique reste-t-elle accrochée ?
Tout dépend de son appétit. La tique reste fixée à la peau tant qu’elle n’est pas gavée, pleine de sang. Cet état de satiété prend généralement quelques semaines.
Piqûre de tique dans le lit : comment est-ce possible ?
Il existe une espèce de tique de lit. Ce sont des nuisibles mesurant de 5 à 7 mm dont la couleur varie du rouge au brun foncé. Elles sont aussi appelées punaises de lit.
Peut-on faire un don de sang après une piqûre de tique ?
Dans le cas d’une morsure de tique, il convient d’attendre 3 mois avant de donner son sang si vous avez été mordu 24 h avant le don de sang ou si la tique n’a pas été extraite dans les 24 h.
Les parasites pouvant donner des démangeaisons similaires
Références / Sources
1. Borréliose de Lyme : données épidémiologiques 2020, Santé Publique France. 2021.
https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/borreliose-de-lyme-donnees-epidemiologiques-2020#:~:text=En%20m%C3%A9decine%20g%C3%A9n%C3%A9rale,-Entre%2025%20000&text=Tendance%20%C3%A0%20l’augmentation%20du,133%20cas%20estim%C3%A9s)%20en%202019.
2. BORRÉLIOSE DE LYME ET AUTRES MALADIES TRANSMISES PAR LES TIQUES, Elisabeth Couturier & Henriette De Valk, Santé publique France, Saint-Maurice, France. 2018.
http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2018/19-20/index.html
3. Lyme borreliosis and other tick-borne diseases. Guidelines from the French Scientific Societies (I): prevention, epidemiology, diagnosis, J Figoni, C Chirouze, Y Hansmann, C Lemogne, V Hentgen, A Saunier, K Bouiller, J F Gehanno, C Rabaud, S Perrot, E Caumes, C Eldin, T de Broucker, B Jaulhac, F Roblot, J Toubiana, F Sellal, F Vuillemet, C Sordet, B Fantin, G Lina, X Gocko, M Dieudonné, O Picone, B Bodaghi, J P Gangneux, B Degeilh, H Partouche, C Lenormand, A Sotto, A Raffetin, J J Monsuez, C Michel, N Boulanger, P Cathebras, P Tattevin; endorsed by scientific societies. 2019.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31097370/
4. Communiqué de la FFMVT relatif au Plan de lutte contre la maladie de Lyme, Communiqué de la FFMVT. 2016.
https://www.irbms.com/wp-content/uploads/2016/10/communique-FFMVT-plan-nationale-lyme-2016.pdf
5. Diagnosing Meat Allergy After Tick Bite Without Delay, Adam C. Kaplan and Michael P. Carson. 2018.
https://www.jabfm.org/content/31/4/650.long