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Cicatrice qui gratte, que faire ?
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Avoir une cicatrice qui démange n’est pas seulement fréquent, c’est une étape du processus de cicatrisation. Elle n’en demeure pas moins désagréable et y succomber ne fait que retarder la guérison de la plaie.
Heureusement, il existe des solutions pour moins se gratter et favoriser une bonne cicatrisation.
Qu’est-ce qu’une cicatrice ?
Une cicatrice est une marque qui perdure après la guérison d’une altération cutanée.
Lorsque la peau est lésée par une plaie, une brûlure, une maladie cutanée ou une intervention chirurgicale, un phénomène de cicatrisation s’amorce pour la réparer. Il mobilise les ressources du corps, ce qui explique que tout le monde ne cicatrise pas de la même manière.
Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- Âge
- État général : un corps en pleine santé cicatrise mieux
- Pathologies associées : diabète, malnutrition, insuffisance veineuse…
- Stress, dépression, anxiété : ils peuvent ralentir la cicatrisation
- Tabac : il freine de manière notable la cicatrisation et peut conduire à des cicatrices plus marquées
La cicatrice est la conséquence de cette cicatrisation. L’épiderme (couche superficielle de la peau) n’a pas réussi à se reconstruire parfaitement et en garde la trace. Une cicatrice peut évoluer au fil des ans. Elle peut être définitive ou transitoire.
Il existe différents types de cicatrices, qui se distinguent par leur apparence et leur texture. Certaines sont normales, d’autres pathologiques.
Cicatrice normale
Une cicatrice normale est habituellement plate ou très légèrement boursouflée, rose ou blanche. Elle se forme après une coupure ou une plaie mineure.
Avec le temps, elle s’atténue et devient moins visible. C’est la cicatrisation la plus commune.
Certaines cicatrices, non pathologiques, sont dites étirées. Elles sont provoquées par un étirement excessif de la peau. C’est le cas par exemple des vergetures.
Elles sont plates ou discrètement en relief. Elles peuvent être rose pâle ou blanches.
Cicatrice dite pathologique
Lorsque la cicatrisation ne se déroule pas comme prévu, il peut y avoir 2 conséquences. Soit, la cicatrisation est incomplète : la plaie perdure, au risque de s’infecter. Soit, la cicatrisation est excessive : beaucoup trop de tissu cicatriciel est créé, de manière anarchique.
Avoir une cicatrice « pathologique » n’a aucun caractère de gravité en soi. Ces cicatrices sont d’abord une gêne esthétique, même si certaines peuvent provoquer des douleurs et des démangeaisons.
Une cicatrice anormale doit cependant être montrée à un médecin pour éliminer le risque de cancer de la peau.
On retrouve 3 types de cicatrices anormales :
- Cicatrice hypertrophique : elle est surélevée, boursouflée, rouge et ferme. Elle est due à une production excessive de collagène, une protéine qui aide à réparer les tissus endommagés. On la retrouve principalement sur le visage, le cou, les épaules et les genoux. Les peaux foncées (mates, noires ou asiatiques) et les sujets jeunes y sont plus sensibles. Une cicatrice hypertrophique peut être douloureuse et provoquer des démangeaisons.
- Cicatrice chéloïde : elle a les mêmes caractéristiques qu’une cicatrice hypertrophique, en pire. Elle est beaucoup plus étendue, jusqu’à dépasser les limites de la plaie initiale et peut continuer à s’aggraver avec le temps. Elle est très fréquente sur les peaux mates et foncées.
- Cicatrice atrophique : elle est liée à une perte de tissu sous-cutané, ce qui entraîne un affaissement de la peau. On la reconnait à sa forme creuse, pâle et lisse. Elle se forme généralement après une acné sévère, une varicelle importante ou une brûlure.
Pourquoi une cicatrice gratte-t-elle, même longtemps après ?
Avoir une cicatrice qui démange est un fait banal. Mais il n’a pas nécessairement les mêmes causes s’il s’agit d’une vieille ou d’une nouvelle cicatrice.
Une nouvelle cicatrice qui gratte
La démangeaison accompagne la cicatrisation. Aussi désagréable soit-elle, elle est un signe que le processus de guérison de la plaie est en cours.
Plusieurs molécules sont à l’œuvre pour refermer une plaie (histamine, prostaglandines, sérotonine). Leur présence en grand nombre viendrait stimuler les nerfs de la peau et déclencher la sensation de prurit.
Une cicatrice toute nouvelle qui gratte… est donc souvent une bonne chose !
Il faudra surtout veiller à ne pas y toucher pour ne pas risquer d’abimer la peau en reconstruction.
Avoir une nouvelle cicatrice signifie également que la plaie est récente. Le risque infectieux est donc important.
Dès lors que les démangeaisons s’accompagnent de rougeur, de douleur, d’un œdème (gonflement), de pus ou de fièvre, la cicatrice doit être montrée à un médecin.
Une vieille cicatrice qui gratte
La cicatrisation est un phénomène au long cours. Dans certains cas, elle peut prendre plusieurs années, jusqu’à même 10 ans après. Dans ce cas, elle fait des pauses puis redémarre pour assurer de nouvelles étapes dans la reconstruction cutanée.
Ces phases de reprise de la cicatrisation sont propices aux démangeaisons cutanées.
Mais d’autres causes peuvent expliquer qu’une ancienne cicatrice démange.
- Sécheresse cutanée : la peau sèche est une cause importante de prurit
- Infection : de la plaie sous-jacente si elle n’est toujours pas résorbée, ou de la peau à proximité de la cicatrice
- Frottement : les zones de frottement sont plus sujettes aux démangeaisons
- Atteinte dermatologique : eczéma, psoriasis, mycose, les maladies de la peau peuvent toucher des cicatrices existantes
- Allergie : en cas de contact avec un allergène à proximité d’une cicatrice ou utilisé pour la soigner (pansement, crème, lotion hydratante, etc.)
- Cicatrisation excessive : les cicatrices hypertrophiques et chéloïdes peuvent provoquer de vives démangeaisons
- Diabète : cette maladie, retarde la cicatrisation, provoque une sécheresse de la peau et peut créer des démangeaisons
- Changement de météo : facteur très surprenant, mais réel, qui s’explique par la différence de pression que notre corps ressent. Les capillaires se dilatent et libèrent de l’histamine, provoquant le prurit cutané.
Enfin, dans des cas rares, une cicatrice qui gratte peut être un signe de cancer de la peau.
Quels types de cicatrices peuvent gratter ?
De manière générale, toutes les cicatrices peuvent gratter. Mais certaines plaies sont plus sujettes aux complications.
Cicatrice postopératoire
Là où les plaies simples et superficielles guériront sans mal, les atteintes cutanées postopératoires sont toujours plus complexes. Le corps ne doit pas seulement réparer la peau.
- La césarienne : durant les deux premiers mois, il est fréquent qu’une cicatrice de césarienne démange. C’est le processus cicatriciel qui est à l’œuvre. La taille de l’incision impose une activation de tous les acteurs de la cicatrisation au sein du corps, et démultiplie le risque de démangeaison.
- La réduction mammaire : cette opération vise à réduire la taille de la poitrine. Là encore, la taille de la cicatrice, même si elle est habilement camouflée par le chirurgien, peut être importante.
- Le kyste pilonidal : il se reconnait à la boule qui se forme dans le sillon interfessier ou à la base du coccyx. Son traitement normal est médical (par antibiothérapie). Dans certains cas, seule la chirurgie permettra de le résorber totalement. La localisation de ce kyste occasionne une difficulté à bien cicatriser et un risque infectieux accru. La cicatrisation postopératoire est faite sous surveillance médicale et paramédicale et dure plusieurs mois.
Au-delà de ces quelques exemples, toutes les cicatrices postopératoires peuvent gratter.
Pour chacune, il faudra être attentif à la présence d’une infection (rougeur, douleur, gonflement, suintement) ou d’une sécheresse cutanée. Une peau bien hydratée cicatrise mieux, tandis qu’une peau sèche démange.
Brûlure
La brûlure, a fortiori grave, est une plaie complexe qui cicatrise mal et s’infecte très rapidement. Le processus de cicatrisation peut durer plusieurs mois.
Il existe plusieurs degrés de brûlure¹.
- Premier degré : il n’y a pas de plaie, la peau se reconstruira sans séquelles en quelques jours
- Second degré simple : apparition de cloques, base douloureuse, rose ou rouge, zone peu étendue. Elle cicatrise, généralement sans complication, sous 10 à 15 jours
- Second degré complexe : cloques percées, base blanche ou pâle, perte de sensibilité
- Troisième degré : destruction de toutes les couches de la peau et parfois des tissus inférieurs, peau blanche, noire ou marron, aspect cartonné
Dès lors qu’une brûlure dépasse le second degré complexe, elle ne pourra plus cicatriser seule. Elle devra être aidée par des interventions médicales et chirurgicales.
La cicatrice d’une brûlure provoque fréquemment des démangeaisons, soit parce que la cicatrisation continue d’évoluer, soit en raison d’une infection sous-jacente, soit parce que le tissu cicatriciel est trop sec et manque d’hydratation.
Comment soulager et traiter une cicatrice qui gratte ?
Les démangeaisons sont un phénomène normal en cours de cicatrisation. Gratter sa cicatrice ne fait que le retarder en abimant à nouveau la peau. Il faut donc éviter d’y succomber.
Remèdes naturels pour soulager une cicatrice qui démange
Avant toute chose, si la cicatrisation est « dirigée » (suivie par une équipe médicale et paramédicale avec un protocole précis), il ne faut absolument pas interférer dans les soins sans en référer à son médecin.
Pour les cicatrices classiques, de nombreuses astuces de grand-mère permettent d’apaiser la sensation de démangeaison.
- Appliquer du froid : mettre de la glace sur une cicatrice qui gratte est le premier réflexe à adopter. Son effet anesthésiant calmera instantanément les démangeaisons. Attention : une poche de froid ne se pose jamais directement sur la peau au risque de la bruler. Elle doit préalablement être emballée dans un linge.
- Faire un cataplasme avec une crème hydratante : bien hydrater une cicatrice permet de calmer le prurit et d’aider la cicatrisation. La crème choisie doit être neutre ou douce et sans parfum. Le cataplasme (dépôt de crème en couche épaisse) permet de maintenir la cicatrice en milieu humide et accélère la régénération cutanée. Il évite également la formation d’une croûte, qui favorise les démangeaisons.
- Utiliser du gel d’aloe vera : cette plante a un fort pouvoir hydratant et aide à renforcer la structure du collagène contenu dans la peau. Il lui permet de se réparer plus vite tout en limitant la sensation de prurit.
- Faire un pansement au miel : grâce à ses propriétés antibactériennes et cicatrisantes, il réduit les risques d’infection, accélère la cicatrisation et protège la plaie si elle n’est pas guérie.
- Masser sa cicatrice avec une huile végétale : pour limiter les adhérences cutanées et résorber la cicatrice.
- Faire une infusion de camomille : les propriétés anti-inflammatoires de la camomille aident à soulager les démangeaisons. Laisser refroidir l’infusion et la déposer sur la cicatrice à l’aide d’une compresse imbibée. La garder en place 10-15 minutes. Renouveler l’opération si nécessaire.
Quelle huile végétale choisir pour apaiser une cicatrice ?
Certaines huiles végétales (HV) ont des propriétés hydratantes et réparatrices. Elles favorisent une belle cicatrisation et limitent les démangeaisons.
- Huile d’olive : riche en vitamine E et K, elle aide à la régénération cutanée et la cicatrisation. Elle est hydratante, adoucissante et protectrice
- Beurre de Karité : propriétés cicatrisantes, réparatrices, anti-inflammatoires et antiseptiques
- Huile d’Argan :Vertus cicatrisantes, anti-inflammatoires, antiprurigineuses et hydratantes
- Huile de Calophylle inophyle : propriétés cicatrisantes, circulatoires, anti-inflammatoires, réparatrices et apaisantes
- Huile de Rose musquée : régénérante, réparatrice, anti-inflammatoire, circulatoires et assouplissante. Elle prévient l’excroissance de derme. C’est l’alliée des cicatrices disgracieuses
- Huile d’Hélichryse : tonifiante pour la circulation veineuse et lymphatique, elle a des propriétés cicatrisantes, régénérantes, anti-inflammatoires, antibactériennes antifongiques et astringentes
- Huile de Macadamia : très proche du sébum humain, elle est hyper hydratante, nourrissante, réparatrice et apaisante
- Huile de Noisette : riche en Vitamine E, elle aide à réduire les petites cicatrices et les vergetures. Elle a des propriétés régénératrices et adoucissantes
Ces huiles peuvent être disponibles sous forme d’huile végétale ou d’huile essentielle. Les huiles essentielles étant une hyper concentration des principes actifs, elles doivent être diluées dans une base (crème ou huile). Cette dilution aura pour intérêt de cumuler les bienfaits.
Par exemple, diluer 1 goutte d’huile essentielle d’Hélichryse italienne (Immortelle) dans quelques gouttes d’huile végétale de Rose musquée est une référence pour soulager une cicatrice et favoriser la régénération cutanée.
Solutions allopathiques pour traiter une cicatrice qui démange
Sur conseils de votre pharmacien, certaines solutions allopathiques peuvent calmer l’envie de se gratter en améliorant la cicatrisation.
- Recourir aux antihistaminiques si les démangeaisons sont d’origine allergique
- Choisir une crème hydratante ou cicatrisante : Cicalfate, Ialuset, Cicavit, Cicaplast, etc. Demandez conseil à votre pharmacien. Certaines crèmes peuvent être spécialisées (pieds, mains, compatibles avec l’allaitement, visage)
- Désinfecter et traiter une plaie qui s’infecte : avec un savon doux et un désinfectant. Le recours aux antibiotiques (sur prescription médicale) peut être nécessaire si l’infection est trop importante.
Si les démangeaisons sont graves ou persistent, il conviendra de prendre un avis médical. Dans certains cas, des corticoïdes pourront être prescrits, voire une opération chirurgicale pour retirer la cicatrice (et guider une nouvelle cicatrisation).
Pourquoi et comment masser une cicatrice qui gratte ?
Pourquoi masser une cicatrice ?
Le massage d’une cicatrice a plusieurs vertus :
- Limiter les adhérences : au moment de la cicatrisation, le nouveau tissu cutané peut se coller aux muscles et aux tissus sous-jacents. Le tissu conjonctif des cicatrices n’ayant pas la même mobilité que la peau saine, ces adhérences peuvent rendre la zone rigide, douloureuse, voire provoquer des complications importantes (torsion intestinale par exemple). Le massage le décolle des zones limitrophes.
- Assouplir le tissu cicatriciel : il devient moins rigide et offre une cicatrice plus discrète et plus plate.
- Activer la circulation sanguine et lymphatique : par un effet mécanique, l’action de masser favorise une bonne circulation sanguine et lymphatique, toutes les deux essentielles à la cicatrisation. Elles aident entre autres à réduire l’inflammation.
- Éliminer les déchets et les cellules mortes de la peau : pour laisser la place au tissu conjonctif nouveau.
Comment masser une cicatrice ?
Pour ne pas retarder le processus cicatriciel, il est important d’attendre que la plaie soit parfaitement refermée pour une blessure simple ou l’avis de son médecin après une intervention chirurgicale. Un délai minimum de 3 semaines sera souvent à respecter avant de commencer à masser sa cicatrice.
Mode d’emploi pour masser une cicatrice :
- Utiliser une crème ou une huile végétale aux propriétés hydratantes et cicatrisantes
- Chauffer cette base hydratante dans la paume de ses mains ou entre ses doigts
- Commencer à masser doucement la cicatrice en faisant des mouvements circulaires
- Puis masser la cicatrice dans toutes les directions, en restant doux dans ses mouvements
- Augmenter progressivement l’intensité du massage au fur et à mesure que la cicatrice s’estompe. Une cicatrice récente mérite un massage doux et délicat
- Effectuer ce massage 5 à 10 minutes par jour, jusqu’à deux fois par jour
- Ne pas masser sa cicatrice si elle s’inflamme : si elle devient rouge, gonflée ou douloureuse
- Ne jamais gratter une croûte : cela ralentirait la guérison et aggraverait les démangeaisons
Quand s’inquiéter pour une cicatrice qui gratte ?
Deux raisons peuvent justifier de s’inquiéter face à une cicatrice qui démange : le risque infectieux et celui, plus rare, d’un cancer de la peau.
Quels sont les signes d’une infection cutanée ?
Les premiers signes d’une infection sont la présence d’une rougeur cutanée, d’un œdème (gonflement) ou de douleur.
Une fois l’infection installée, elle peut se traduire par l’apparition de pus, de suintements, d’une odeur désagréable ou de fièvre. Tous ces signes doivent inviter à consulter un médecin rapidement pour recevoir le traitement adapté.
Cancer de la peau : quels signes doivent alerter ?
Une cicatrice qui démange est très rarement le signe d’un cancer de la peau. Mais toute modification cutanée (cicatrice, grain de beauté, tache de naissance) peut être le siège d’un futur cancer.
Si la cicatrice n’est pas le fruit d’un accident (plaie, brûlure), d’une maladie (eczéma, psoriasis, varicelle) ou d’une opération chirurgicale, il faut s’inquiéter de son origine.
Le carcinome basocellulaire², cancer de la peau le plus fréquent, peut prendre l’aspect d’une cicatrice.
Parmi les signes d’alerte, on peut citer :
- Plaie qui ne guérit pas ou ne cicatrise pas
- Cicatrice exubérante : aspect anormal, bourgeonnant, couleur atypique, extension au-delà de la plaie initiale
- Changement d’aspect d’une vieille cicatrice : changement de couleur, de relief, de texture, de taille
- Douleur et/ou démangeaisons qui ne s’estompent pas
Tous ces signes doivent inviter à consulter son médecin traitant, qui après première évaluation pourra vous adresser chez un dermatologue.
Références / Sources
1. Soigner les plaies de brûlures, Actusoins. 2017.
https://www.actusoins.com/288579/soigner-les-plaies-de-brulures.html
2. le Carcinome Basocellulaire, Julie K. Karen, Ronald L. Moy . 2020.
https://www.skincancer.org/international/le-carcinome-basocellulaire/